Un documentaire pour comprendre les « super pouvoirs de la musique »!
La musique et les soins du nouveau-né
ARTE a diffusé le 1er avril 2023 un documentaire consacré aux effets de la musique sur notre cerveau. Il est disponible en replay jusqu’au 30 mai 2023 sur arte.tv.
Les récents progrès des neurosciences ont démontré le formidable impact de la musique sur le cerveau, et ses nombreux bienfaits à chaque étape de la vie.
Comment la musique peut-elle contribuer à nous rendre « plus forts et plus intelligents » ? Quelques éléments de réponse tirés de ce documentaire que nous vous recommandons.
Un super pouvoir à portée de tous
La musique occupe une place centrale dans nos sociétés et nos vies. Mais elle n’est pas seulement enracinée dans notre mémoire culturelle collective, elle l’est aussi en chacun de nous, dans notre cerveau.
Et pour cause, elle joue un rôle considérable dans le développement cognitif :
– Elle déclenche des émotions et contribue à leur contrôle. Elle est pour cette raison un antidote contre le stress et la perception douloureuse. En activant le circuit de la récompense, elle peut même avoir un effet euphorisant et dopant.
– Elle stimule et facilite les apprentissages, à commencer par celui du langage chez l’enfant. Elle permet aussi de lutter contre les pertes de mémoires ou les troubles dyslexiques.
– Elle facilite les rapports humains, aide à la socialisation des petits et aux bonnes relations des plus grands.
Seuls 1 à 2% de la population mondiale seraient « amusiques », c’est-à-dire privés de compréhension musicale. Pour tous les autres, la musique joue un rôle essentiel tout au long de la vie.
Avant même la naissance…
La science l’a prouvé : l’enfant à naître est très tôt sensible à la musique.
L’embryon est en effet prédisposé pour percevoir et traiter les stimuli musicaux. Il réagit dès le 6ème mois de grossesse. Une observation surprenante : 83% des fœtus bougent en entendant de la musique, alors que seulement 57% réagissent à des vibrations non musicales.
Les médecins recommandent aux parents de chanter pendant le peau-à-peau. Le bébé bénéficie alors d’un véritable massage à la fois sonore et vibratoire, source d’émotion positive et de sérénité.
Et pour les enfants nés prématurés ? On a longtemps pensé que ces tout-petits devaient être dans le calme absolu. Or, au CHU de Lyon, l’intégration du chant lyrique aux protocoles de soins a permis de démontrer les précieux effets de la musique chez ces enfants : régulation du stress avec une fréquence respiratoire plus posée, mise en place de certains mouvements essentiels comme la succion, effet apaisant lors d’un soin douloureux…
Les compétences musicales du jeune enfant
En grandissant, le tout-petit, qui est né on le sait avec un « cerveau musical »¹, va utiliser la musique et ses rythmes réguliers pour apprendre.
En particulier, le cerveau du bébé peut déjà percevoir et traiter les rythmes. Une compétence fondamentale, qui va lui permettre naturellement et sans effort d’apprendre à parler, puisque le langage est lui-même composé de rythmes.
La symphonie neuronale, un atout pour les apprentissages
Les connections neuronales fondent le développement du cerveau : plus le cerveau se synchronise, plus il développe ses compétences. Or, à l’écoute de la musique, différentes parties du cerveau sont stimulées et les neurones se coordonnent comme les instrumentistes d’un grand orchestre. C’est le miracle de la « symphonie neuronale », une réaction en chaîne de stimuli déclenchée par la musique.
Amélioration de la concentration et du raisonnement, développement de la créativité, progression de l’expression orale, apprentissage des syllabes, des chiffres et de la lecture : la musique a un effet positif sur les résultats scolaires. Une méta-analyse auprès de 7000 enfants a démontré que 2 heures de musique par semaine à l’école avaient autant d’effets cognitifs que les devoirs à la maison.
La musique, une nécessité biologique chez l’être humain
Les recherches ont prouvé l’interaction entre le système auditif, des fonctions cognitives complexes, le système limbique qui module les réponses émotionnelles déclenchées par le cerveau … mais aussi certaines fonctions biologiques élémentaires liées à la survie.
Plus précisément, la musique déclenche des secrétions d’hormones, ces substances qui déterminent les émotions, les humeurs qui influent notre relation à l’autre mais aussi… les sentiments, y compris le sentiment amoureux. C’est pourquoi, des fêtes aux services religieux, en passant par les situations romantiques, elle joue un rôle essentiel pour faciliter les relations humaines : elle contribue à faire de nous des êtres sociaux.
En particulier, la musique génère de la dopamine, au même titre que la nourriture ou le sexe, les deux piliers de notre survie. Ainsi, elle déclenche le système de la récompense qui lui-même crée un effet euphorisant et dopant. Cet effet est tel que les écouteurs sont interdits lors de certaines compétitions sportives !
Des vertus thérapeutiques tout au long de la vie
Parce que la musique agit comme une drogue sur notre organisme, elle peut aussi aider à guérir des addictions. A l’hôpital psychiatrique de Dijon, en collaboration avec le CNRS, un protocole de soin allie sport et musique pour stimuler plus fortement le circuit de la récompense jusqu’ici activé par des drogues nocives. À Leipzig, un chercheur a inventé une machine de fitness qui utilise les effets dopants de la musique pour soigner certaines addictions.
La musique peut être un antidote à certaines difficultés rencontrées chez les enfants, lors du développement du cerveau. Avec le rythme et la danse, elle peut par exemple contribuer à traiter les troubles de la coordination : problèmes de motricité, dyslexie…
Elle s’impose aussi comme une solution chez les seniors, lorsque le cerveau se dégrade. On savait déjà que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont la capacité de garder en mémoire les chansons de leur jeunesse. On sait aujourd’hui qu’elles peuvent en apprendre de nouvelles : la musique permet de faire travailler de nouveau des réseaux d’apprentissage et de mémorisation qui étaient en déclin. Une piste de rééducation cognitive très prometteuse !
Tout au long de la vie, la musique pourrait également être un antidote contre le stress, la douleur et même certaines formes de dépression. Des études ont montré que la pratique musicale lors des confinements pendant la crise du Covid-19 s’accompagnait d’une plus faible anxiété et d’une meilleure santé mentale.
Cette enquête scientifique réalisée par Jacques Mitsch (coproduction ARTE France / Compagnie des Phares et Balises), décrypte les phénomènes biologiques et neurologiques à l’œuvre. Elle s’appuie sur les témoignages et explications d’éminents spécialistes, chercheurs et/ou artistes et musiciens : Emmanuel Bigand, psychologue cognitiviste à l’Université de Bourgogne; Thomas Fritz, chercheur en neuropsychologie au Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences (Allemagne); Mathilde Groussard, enseignante-chercheuse en psychologie cognitive et en neuropsychologie à l’Université de Caen Normandie; Robert Zatorre, professeur à l’Institut Neuroscientifique de l’Université McGill de Montréal; Laurel Trainor, musicienne professionnelle et neuroscientifique canadienne; la soprano Delphine Ribemont-Lambert qui chante à l’oreille d’enfants prématurés au CHU de Lyon…