La multisensorialité

“5 senses for kids Foundation” a été fondé pour promouvoir la multisensorialité. Si le terme vous semble inhabituel, il désigne pourtant la façon même dont nous ressentons le monde.

Pourquoi favoriser le développement de la sensorialité chez le jeune enfant


Nous ne percevons jamais par le biais d’un sens uniquement. C’est pour cette raison qu’une bouchée de madeleine peut faire surgir autant de moments de l’enfance avec un luxe de détails stupéfiants dans l’esprit de Marcel Proust.

Vous connaissez ces expériences sensorielles : c’est l’odeur du chocolat chaud qui vous renvoie dans vos souvenirs, la mélodie familière d’une boîte à musique, le contact des flocons de neige sur votre visage…

C’est en utilisant ses 5 sens que l’enfant perçoit le monde qui l’entoure, et qu’il apprend à le comprendre. Les choses et les êtres sont par essence de nature multisensorielle. L’enfant va associer les informations qui proviennent de ses différents sens. Dès sa naissance, son cerveau y est préparé et pré-organisé (voir La Multisensorialité, Données scientifiques), mais ce n’est qu’avec les expériences vécues qu’il va peu à peu optimiser ce processus.

“5 senses for kids Foundation” encourage toute approche qui repose sur ce processus d’apprentissage naturel et multisensoriel.

Le développement des interactions entre les sens



A la naissance, tous les sens ne sont pas encore parfaitement fonctionnels. Alors que l’être humain est généralement considéré comme une espèce « visuelle », la vue est le dernier sens à se développer lorsque le nouveau-né est confronté pour la première fois à un monde riche en couleurs (et surtout en lumière !). Le toucher, au contraire, est un des premiers sens fonctionnels durant la grossesse. Les sens chimio-sensoriels, goût et odorat, deviennent pleinement fonctionnels lors du 3ème trimestre.

Cette organisation chronologique du développement sensoriel n’est pas sans conséquence. En particulier, les sens qui se développent en premier acquièrent des connaissances avant la naissance et guident ensuite le nourrisson face à la nouveauté du monde extérieur. Par exemple, l’odeur et la voix de la mère sont reconnus par le nouveau-né et le rassurent tandis qu’il découvre sa peau ou son visage. 

A la naissance, le bébé est généralement mis au contact de sa mère, ce que l’on appelle le « peau à peau ». Lors de ce moment privilégié, le bébé découvre la douceur de sa mère et la chaleur de sa peau, il reconnaît son odeur ou encore le battement de son cœur. 

Durant les mois qui suivent la naissance, le bébé est exposé à de nombreuses stimulations qui lui parviennent de tous les sens en même temps. Il doit donc apprendre très rapidement à les catégoriser, c’est-à-dire faire la différence entre certaines informations et en regrouper d’autres selon leurs points communs. Par exemple, il apprend rapidement à catégoriser les différents visages auxquels il est exposé. 

On pourrait penser qu’apprendre à reconnaître des visages est une aptitude purement visuelle mais en réalité elle sollicite d’autres sens ! Pour aider le système visuel à catégoriser les visages et reconnaître les individus familiers, le cerveau du nourrisson s’appuie sur des indices sensoriels qu’il connaît mieux, comme la voix de sa mère ou son odeur corporelle. Cette intégration entre les sens facilite notamment le développement de catégories de plus en plus abstraites qui fourniront un socle pour la future acquisition des concepts et du langage.   

Plusieurs facteurs sont importants pour aider l’enfant à intégrer les informations entre les sens. Par exemple, la synchronie entre les événements, dans l’espace et le temps, aide à les détecter et les apprendre, ce que les chercheurs appellent la « redondance inter-sensorielle » (ex : un visage et une voix). Cette redondance favorise aussi l’apprentissage de propriétés que l’on appelle « amodales », c’est-à-dire des propriétés des stimulations sensorielles que l’on retrouve pour tous les sens (ex : intensité d’une stimulation).

Le bébé est sensible à la synchronie entre les évènements. Il apprend ainsi très rapidement à reconnaître le visage de sa mère car ses lèvres bougent en synchronie avec le son de sa voix, qu’il connaît déjà.

Aider les enfants à utiliser des informations multisensorielles


La conceptualisation précise d’une entité sensorielle ne fait donc pas appel à un seul sens. Elle repose presque toujours sur la contribution de plusieurs attributs sensoriels.

Prenons l’exemple d’une orange : la forme du tout et des parties, la couleur, la texture de la peau et son odeur, le goût sucré acide, l’odeur en bouche, etc. 

L’ensemble de ces facettes sensorielles, qui empruntent des canaux sensoriels distincts, converge dans une idée globale bien plus complète que celle que nous aurions à partir d’un seul sens. Comme décrit plus haut, c’est en découvrant l’aspect multisensoriel des choses que l’enfant peut acquérir des concepts précis et généralisables ; et cela contribue à l’acquisition des mots pour les décrire.

Soyons conscients de l’importance de l’utilisation simultanée de plusieurs de ses sens pour avoir une appréhension plus précise de ce qui l’entoure. C’est l’un des intérêts de la pratique multisensorielle, qui est au cœur de la mission de “5 senses for kids Foundation”.

Comment mettre en place la pédagogie sensorielle avec votre enfant


Il est vital de contribuer à développer les capacités sensorielles du nouveau-né. L’aspect multisensoriel est essentiel à la compréhension des objets et des êtres.

Parce que dans les apprentissages la vue et l’audition prédominent, il est important de montrer à l’enfant toutes les potentialités de ses autres sens (toucher, olfaction, goût) en les sollicitant seuls ou en combinaison.

C’est ainsi qu’il pourra mieux développer ses capacités d’analyse et de catégorisation, indispensables pour le développement de la mémoire et du langage.

Prenons un exemple : “5 senses for kids Foundation” est partenaire de la crèche sensorielle Cap Enfants qui propose de découvrir différents pays à travers des voyages musicaux. 

Si le thème du voyage musical est la Russie : les enfants vont pouvoir entendre le son de l’ours lors des activités sensorielles. Ils vont pouvoir l’imiter, chanter une chanson autour des ours. Puis ils vont participer à un parcours moteur en imitant la démarche de l’ours (développement psychomoteur). Les professionnels de la petite enfance vont leur faire toucher des glaçons pour découvrir la sensation de froid. Ils vont pouvoir réaliser des fresques autour des paysages blancs enneigés avec des ours qui se baladent.

Vous pouvez vous inspirer de cet exemple pour imaginer des activités sensorielles. L’objectif est de procurer des stimulations sensorielles qui permettent à votre enfant de développer ses capacités.

L’enfant est spontanément curieux de découvrir les différents aspects du monde. On peut l’aider efficacement si l’on s’implique dans ces découvertes sensorielles. L’attention conjointe et les interactions entre l’adulte et l’enfant facilitent beaucoup ces apprentissages.

La notion de plaisir joue un rôle clé dans l’éveil sensoriel. “5 senses for kids Foundation” y tient particulièrement.

L’aspect émotionnel des situations de découverte est également important (sécurité, plaisir réciproque, etc.). Souvent, plus les souvenirs sont émotionnellement forts, plus ils sont marqués dans notre mémoire. Lorsque les souvenirs d’une situation ou d’un apprentissage sont précis, nous nous rappelons de nombreux détails qui impliquent plusieurs de nos sens. La mémoire sensorielle mobilisée est associée à des émotions de plaisirs, de dégoûts, de peurs, de joies…

Dès notre plus jeune âge, nos sens participent à l’élaboration de nos émotions, non seulement pour analyser l’instant, mais aussi pour alimenter notre mémoire émotionnelle des situations. Ils jouent donc un rôle essentiel dans notre apprentissage de la vie et à la représentation que nous en faisons.

Lors des relations et des activités que nous proposons à notre enfant, les expressions de l’émotion que nous partageons seront aussi décodées et intégrées par notre enfant, et feront partie à part entière de sa construction. L’interaction que nous avons avec notre enfant et la richesse de l’interaction contribuent à son développement social. 

En prenant soin de respecter le rythme de l’enfant et le plaisir qu’il en retire, les interactions qui font appel à plusieurs de ses sens l’aideront à solliciter de nouveaux réseaux de neurones dans son cerveau.

Cette relation entre activité et consolidation des réseaux de neurones sous-jacents est à la base de tous les apprentissages. L’expérience et l’apprentissage changent à la fois la structure du cerveau, mais aussi son organisation fonctionnelle. Cela ne cesse de nous émerveiller à la 5 senses for kids Foundation”! 

L’avis du psychosociologue Jean Epstein sur les interactions multisensorielles


Enfin, comme le décrit le psychosociologue Jean Epstein, les interactions multisensorielles doivent s’appuyer en permanence sur cette fonction primordiale chez l’enfant qui est l’exercice du jeu, sans avoir comme arrière-pensée une quelconque volonté d’exploitation ou de rentabilité pédagogique. Il nous faut simplement comprendre que “l’enfant ne joue pas pour apprendre, mais qu’avant tout, il apprend parce qu’il joue”!

Pour vous aider à mettre en place l’approche multisensorielle avec votre enfant, nous vous proposons des activités pour solliciter activement chaque sens.