L’olfaction – l’odorat

Dans l’exploration sensorielle de l’environnement, l’odorat est tout aussi important que les autres sens. L’odeur joue notamment un rôle primordial lorsque vous voulez rassurer bébé.

La fondation 5 Senses For Kids vous révèle ce que vous devriez savoir sur le fonctionnement de l’odorat pour favoriser l’éveil et le développement de votre enfant.

Le développement du système olfactif : on sent dans l’eau !


Le bulbe olfactif, en partie responsable de l’odorat, constitue en réalité une partie du cerveau. Il est présent chez l’embryon humain dès 8-10 semaines de grossesse ! Et dès la 12e semaine, ce bulbe se trouve relié à la muqueuse nasale, qu’on appelle (si vous voulez briller en société) l’épithélium olfactif.

Pourtant, le système olfactif n’est pas encore fonctionnel. En effet, les narines du fœtus sont obstruées par des bouchons nasaux qui ne disparaissent qu’entre 4 et 6 mois. De ce fait, les prématurés de 7-8 mois possèdent un système olfactif opérationnel et l’odorat du bébé né à terme fonctionne déjà.

En réalité, le fœtus est capable de sentir dans l’eau du liquide amniotique ! Et si ça vous paraît incroyable, sachez que, lorsque vous respirez à l’air libre, la muqueuse olfactive dans votre nez est en fait recouverte d’un mucus qui est un gel aqueux.

Exercice pratique : passez le doigt dans votre bouche. Ça glisse et c’est mouillé : c’est du mucus. On sent donc dans l’eau !

Le nerf trijumeau, qui innerve les yeux, la cavité nasale et la bouche (d’où le « tri-»), se développe plus précocement (entre 7,5 et 10,5 semaines). On peut l’assimiler au sens du toucher qui est le premier sens à se mettre en place dans la vie fœtale. Après la naissance, il donne des informations sur les flux d’air, sur la température, ou sur la présence de produits irritants. Le nerf trijumeau vous renseigne sur la température et la texture des aliments.

Plus la grossesse avance, plus le placenta est perméable. Si bien que le fœtus baigne dans l’environnement olfactif de sa mère. Avant même de naître, il sent l’odeur corporelle de sa mère, les odeurs de ses aliments, et éventuellement d’autres produits comme, malheureusement, la fumée de cigarette. D’ailleurs, le placenta s’imprègne de ces odeurs : une mère qui consommait beaucoup de curry témoigne qu’elle a retrouvé cette senteur dans son placenta après la naissance de sa fille.

Il semble que les expériences sensorielles de l’enfant commencent aux environs de la 8e semaine de grossesse.

Conseil pratique : prenez garde à l’environnement olfactif d’une femme enceinte. Si l’air est chargé de fumée, de produits toxiques ou d’odeurs nauséabondes, il se peut que bébé en soit incommodé !

L’importance de l’olfaction dès les premiers jours de vie de l’enfant


Dès la naissance, le bébé est capable de ramper vers le sein pour téter. Il est guidé par l’odeur de l’aréole, car, si on lave un sein et qu’on laisse l’autre intact, le bébé s’oriente vers le sein non lavé. Il va immédiatement reconnaître l’odeur de sa mère. Celle-ci le rassure. Car elle a été gravée dans la mémoire olfactive du fœtus, elle y demeurera la vie durant.

Astuce : Quand un bébé arrive en crèche, on va lui donner un doudou avec l’odeur de sa mère. S’il est trop inquiet, on va demander à sa mère d’apporter un T-shirt. Le sens olfactif contribue à rassurer l’enfant.

Les tests olfactifs montrent que le nouveau-né est capable de distinguer différents odorants. Il existe peut-être une origine innée des senteurs agréables ou répugnantes. Par exemple, les nourrissons apprécient la vanille et détestent les odeurs de putréfaction. Mais la familiarité est un facteur déterminant. Par exemple, si la maman a consommé de l’anis pendant la grossesse, le nouveau-né se tournera de préférence vers une source odorante anisée que vers une source qu’il ne connaît pas.

Outre qu’il est indispensable à l’alimentation et au système immunitaire du nourrisson, le lait maternel est également une source extraordinairement variée d’expériences sensorielles, et en particulier olfactives. Le bébé va sentir, à chaque tétée, le parfum changeant de sa mère (en fonction du jour, de l’heure, de son alimentation, de sa toilette), celui des membres de la famille et éventuellement des différents lieux. En quelques mois, l’apprentissage étant renforcé par un environnement sécurisant (dans l’odeur, la chaleur et le contact maternel), le bébé se constitue une « odorothèque » (bibliothèque des odeurs) qui va jeter les bases de ses préférences olfactives et gustatives futures.

Conseil pratique : continuez l’allaitement le plus longtemps possible, même si c’est une fois par jour. Les différents parfums du lait maternel permettent à l’enfant d’agrandir son répertoire sensoriel. Il bénéficie d’une expérience sensorielle plus riche.

Et après ?



On constate qu’à 15 mois, les enfants nourris au sein ont un régime alimentaire plus varié que ceux nourris au lait de substitution. Et comme la variété odorante du lait maternel reflète souvent une plus grande variété de l’alimentation familiale, ce bon départ se renforce pour déployer vers 6 ans une nutrition plus diversifiée et une plus grande curiosité olfacto-gustative.

Il existe quelques très rares cas d’anosmie (absence d’odorat). Comme on ne pratique pas de test systématique, il arrive qu’on s’en aperçoive très tard. C’est ainsi que le syndrome de Kallmann-de Morsier (très rare, 1 naissance sur 10 000), bien qu’associé à une anosmie ou hyposmie (perte partielle de l’odorat) dès la naissance, n’est souvent détecté qu’à l’adolescence, car il se révèle à ce moment-là par l’absence ou le faible développement des organes génitaux. D’autres causes d’anosmie ou d’hyposmie sont les obstructions nasales, mais on sait en général les soigner efficacement.

Si, pour les adultes, parler des odeurs est difficile (par manque d’éducation), il en est de même pour les enfants puisqu’ils acquièrent leur vocabulaire à travers leur expérience. Il est difficile de dire si la sensibilité olfactive des enfants de moins de 4 ans augmente naturellement avec l’âge ou bien si c’est leur faculté à nommer les odeurs (ou leur source) qui se développe, de la même façon qu’ils mettent progressivement des mots sur leur vécu. Il semble que vers 12 ans, les enfants ont acquis un « niveau olfactif » équivalent à celui des adultes. En général, les filles sont meilleures que les garçons. Origine biologique et/ou culturelle ? On s’interroge encore, mais une (malheureusement unique) publication scientifique montre que le bulbe olfactif féminin contient deux fois plus de neurones que le masculin. Peut-être un support biologique pour un avantage sensoriel.

Conseil pratique : « 5 senses for kids Foundation » vous encourage, dès le plus jeune âge de l’enfant à lui faire sentir les odeurs : le parfum des fleurs et des plantes, les odeurs des aliments, des matières, etc. ; et à en parler avec lui. Vous contribuerez à développer son sens de l’odorat.

Aider les enfants à utiliser des informations multisensorielles


La conceptualisation précise d’une entité sensorielle fait rarement appel à un seul sens. Elle repose presque toujours sur la contribution de plusieurs attributs sensoriels.

Prenons l’exemple d’une orange : la forme du tout et des parties, la couleur, la texture de la peau et son odeur, le goût sucré acide, l’odeur en bouche, etc.

L’ensemble de toutes ces facettes sensorielles, qui empruntent des canaux sensoriels distincts, converge dans une idée globale bien plus précise que celle accessible via une seule entrée sensorielle. C’est en prenant conscience de l’aspect multisensoriel des objets naturels que l’enfant peut se munir de concepts précis et généralisables et acquérir des mots pour les décrire.

Soyons conscients de l’importance de l’utilisation simultanée de plusieurs de ses sens pour avoir une appréhension plus précise de ce qui l’entoure. C’est l’un des intérêts de la pratique multisensorielle, qui est au cœur de la mission de « 5 senses for kids Foundation ».

J’aime ou je n’aime pas ?


Comme indiqué ci-dessus, il existe peut-être une origine innée des senteurs agréables ou répugnantes. À peine 12 heures après la naissance, les bébés montrent des mimiques différentes selon qu’on leur présente des odeurs agréables, neutres ou désagréables.

Dans une étude déjà ancienne, une faible proportion (3 %) des enfants de moins de 3 ans semblaient montrer une aversion aux mauvaises odeurs. Mais à 5 ans, 72 % des enfants manifestent leur dégoût. Cela est parallèle à leur rejet des odeurs fécales, qui ne les gênent pas auparavant.

Vers 5 ans, c’est aussi un âge charnière où les préférences olfactives des enfants se rapprochent de celles des adultes. Là encore, effet biologique ou culturel ? On peut s’interroger, mais il suffit d’observer la différence d’appréciation de l’odeur du fumier entre urbains et éleveurs de bétail pour constater que le socio-culturel est prépondérant.

La communication olfactive


On n’attache de l’importance à nos odeurs corporelles que quand on pense qu’elles peuvent incommoder. Curieusement, on utilise des déodorants parfumés et on se parfume tellement qu’on peut quelquefois incommoder les autres, alors que notre odeur personnelle naturelle est tout à fait discrète !

Il est vraisemblable que notre propre odeur nous rassure. Nous ne la sentons consciemment que rarement parce que l’olfaction, comme tous les systèmes sensoriels, « efface » les messages constants pour se préoccuper surtout des nouveautés, en particulier de l’odeur des autres.

On a dénombré près de 2000 composés chimiques dans le « bouquet » humain. C’est dire qu’il existe de multiples sources de variations. Nous sommes près de 8 milliards sur Terre à partager une odeur d’humain, qui se nuance en fonction de notre génome, de notre microbiote (l’ensemble des micro-organismes comme les virus, bactéries ou champignons), du sexe, de nos hormones, de la saison, de l’heure du jour, de la géographie, de notre alimentation, de notre âge, de notre état de santé. Il existe quatre « âges odorants » chez l’homme : le bébé, l’enfant, l’adulte et le vieillard.

On l’a vu plus haut, le bébé humain trouve le sein et enrichit son répertoire sensoriel grâce à son odorat. Il est capable de distinguer l’odeur de sa mère (c’est un parfum qu’on n’oublie jamais) de celle d’une autre femme. Au-delà, de nombreuses expériences montrent qu’on se reconnaît olfactivement en famille. Les enfants comme les parents sont capables de reconnaître un membre de la famille à l’odeur d’un T-shirt porté pendant quelques heures. Et même, les enfants scolarisés peuvent reconnaître un copain ou une copine grâce à leur odorat.

Plus tard, dans les relations sociales (ne dit-on pas qu’on peut « sentir », ou non, quelqu’un ?) comme dans la relation amoureuse, les odeurs corporelles peuvent jouer un rôle, même si on l’oublie souvent, car (au moins dans les déclarations explicites) les femmes s’intéressent plutôt au visage et à la voix des hommes tandis que ces derniers privilégient le physique et le visage. Cependant, on sait que, en période d’ovulation, les femmes s’intéressent plus à l’odeur masculine et cet intérêt est supprimé par la prise de contraceptif. Les hommes sont également plus attirés par l’odeur féminine au moment de l’ovulation.

Notre environnement regorge de signaux olfactifs que, en général, nous ignorons. Quand on enquête sur les fragrances préférées, reviennent souvent l’odeur de l’herbe coupée, de la forêt, de la terre après la pluie. Mais on pourrait construire une sorte d’horloge odorante qui commencerait avec le café du matin et se terminer par le dentifrice du soir.

Exercice pratique : laissez vous aller à évoquer toutes les senteurs que vous traversez dans une journée. Faites attention à ce qui vient avec les odeurs. Que s’est-il passé ?

Tout cela est l’objet d’un apprentissage multisensoriel qui fait que, lorsqu’on amorce le rappel d’un souvenir par un seul sens (comme dans la fameuse madeleine de Proust), on peut reconstituer toutes les circonstances de l’événement, y compris les émotions qui lui sont associées.

Notre environnement regorge de signaux olfactifs que, en général, nous ignorons. Quand on enquête sur les Tout cela est l’objet d’un apprentissage multisensoriel qui fait que, lorsqu’on amorce le rappel d’un souvenir par un seul sens (comme dans la fameuse madeleine de Proust), on peut reconstituer toutes les circonstances de l’événement, y compris les émotions qui lui sont associées.

Activités ludiques à faire avec votre enfant pour développer son odorat


 “5 senses for kids Foundation” vous recommande les jeux suivants.

  • Vous pouvez faire le jeu du « pareil/pas pareil ». Il faut 3 boules à thé, ou 3 sachets à thé en papier ou en tissu, ou encore du papier genre sopalin. On utilisera ces papiers ou tissus pour faire des petits paquets. À l’intérieur de 2 boules ou paquets, on met le même produit odorant. Par exemple un coton imprégné du parfum d’un parent ou des fleurs séchées de lavande, ou bien de l’ail fraîchement écrasé. Dans le 3e, vous mettez un produit très différent, comme du café moulu ou des feuilles de menthe fraîchement froissées. On demande à l’enfant : quelles sont les boules qui sentent pareil ? Ou parmi ces 3 boules, une ne sent pas pareil que les 2 autres : laquelle ?
  • Comme dans le jeu du toucher, on met dans un sac des produits qu’ils ont l’habitude d’utiliser ou de consommer (orange, chocolat, pomme, gel douche, shampoing,) et, comme dans le jeu précédent, on a caché un peu du produit dans une boule à thé ou du papier ou tissu. On fait sentir la boule et on demande à l’enfant de trouver l’objet dans le sac (sans le voir, juste avec le toucher). Avec les tout-petits, il faut peut-être commencer avec un seul objet.