La Semaine du Son de l’Unesco du 15 au 28 janvier 2024

Pour aller plus loin dans la compréhension de l’événement de « La semaine du son de l’Unesco », pouvez-vous rappeler à nos internautes quand, et comment cette semaine a été créée et avec quels objectifs ?

Le son est un déclencheur d’images 

J’ai lancé « La semaine du son » il y a 21 ans. A l’époque, je me suis dit qu’il était bon d’amener tout un chacun à réfléchir sur le sens du sonore, et à remettre le son là où il doit être : c’est-à-dire un élément qui nous permet de de déclencher l’image. Le son est un déclencheur d’images : j’entends d’abord pour mieux voir le monde, et ce n’est pas l’inverse qui doit être fait. « Ce n’est pas l’image qui mène le monde » disait Jacques Attali qui était parrain de « La semaine du son » il y a quelques années. C’est le son qui déclenche l’image, mais personne n’en est vraiment conscient. C’est pour cela d’ailleurs que le fait de perdre ce sens-là, est un élément fort parce que cela nuit effectivement au développement dans nos sociétés. A partir de là, je me suis dit : « Qu’est-ce que l’on peut mettre dans ce « sonore » de manière à ce qu’on puisse être compréhensible ? » et pour être compréhensible, il fallait trouver 5 thèmes qui me paraissaient évidents et qui nous permettaient d’être entendus. 

L’enregistrement et la production du son  

2e point important : l’enregistrement et la production du son. Il faut que l’on sache reproduire, enregistrer, reprendre les sons car ces sons ont remplacé les sons naturels. Maintenant tous les jeunes commencent à entendre d’abord une clarinette, un piano ou n’importe quel instrument à travers une oreillette. On démontre depuis plusieurs années que les sons ne sont plus ce qu’ils étaient, et on a ainsi une dérive totale de nos critères d’évaluation, de nos repères : on ne sait même pas ce que c’est qu’un bon son. Comme on voit disparaître les sons naturels, il faut savoir effectivement apprécier les sons qui ne le sont pas. Avec Universal, on travaille là-dessus pour développer un label de qualité sonore.

La santé auditive et la compression

Le rapport image et son

La musique

La charte et la résolution 39C/59

Il est mentionné dans votre site internet que j’ai lu avec attention que mercredi 17 janvier de 19h00 à 21h00 à l’amphithéâtre Laroque un tour d’horizon sera proposé sur la multitude d’impacts que peut avoir le sonore sur le cerveau. Que pouvez-vous d’ores et déjà nous dire sur cet impact sur le cerveau des tous petits ?

Pouvez-vous s’il vous plaît nous en dire plus sur la façon dont le sonore constitue une porte d’accès au monde ?

Le sonore c’est la relation à l’autre

Le sonore c’est la vie. C’est la relation à l’autre. Il n’y a pas plus direct que le sonore pour être en relation avec l’autre. Les 5 sens sont évidemment impliqués dans cette relation au monde, avec évidemment la vue, le toucher. Mais le sonore, c’est vraiment la relation à l’autre par essence : savoir écouter l’autre, savoir parler à l’autre, savoir comprendre des positions différentes c’est le b.a.-ba de la relation au monde. De cela, il n’en est malheureusement plus beaucoup question aujourd’hui, et nous sommes un peu inquiets de cette situation : on ne touche plus beaucoup, et on touche son écran en croyant que cet écran nous permet d’être en relation avec le monde, alors que lorsqu’on est dans la rue, on est même plus capable de serrer la main de qui que ce soit. D’une certaine manière aujourd’hui on ne se voit plus, on ne touche plus, on ne goûte plus et on entend plus. Donc c’est aussi cela dont il est question aujourd’hui, en relation avec les 5 sens, qui sont d’une manière générale en train d’être un peu « écrasés », si je puis dire. Le sonore est un des aspects les plus évocateurs justement de cette réduction de ce sens élémentaire, qui d’une certaine manière nous est ôté. On nous enlève cette dimension-là.

Sachons écouter un son de qualité

Donc sachons écouter un son de qualité : sachons également reconnaître un son qui est écrasé, qui ne respire plus, qui n’a plus de micro- silences, qui n’a plus de niveau faible, qui n’a que niveaux forts. Essayons de retrouver ce que c’est qu’un son de qualité. Qu’est-ce qu’un lieu où l’on peut réfléchir, entendre l’autre avec distinction et avec intelligence ?  Comment maîtriser la capacité que l’on a à aller acheter le bon produit dans un supermarché où nous sommes inondés de musique ? Là où je veux acheter une brosse à dents, je ressors avec une savonnette : qu’est-ce qui s’est passé ? Il est plus que nécessaire que le sonore soit maîtrisé pour nous, pour nos jeunesses, pour nos jeunesses à venir, et qu’on puisse sentir à quel point ce sonore est un élément de relation à l’autre et au monde.

Découvrez également sur le site de 5 senses for kids Foundation la deuxième partie de l’interview de Christian Hugonnet. Cliquez ici

J’invite nos internautes à découvrir le programme et à s’inscrire à ces évènements gratuits qui sont proposés à Paris, et en régions. Et je rappelle aussi que ces évènements ont lieu en Belgique, au Canada, au Liban, en Egypte, en Guinée Equatoriale, en Espagne, au Royaume-Uni au Brésil et en Tunisie.