Entretien avec Hélène Fournier, secrétaire de Nez en Herbe.
Quel est votre parcours professionnel et comment en êtes-vous venu à créer l’association Nez en Herbe ?
Professeure de français depuis 15 ans, je mets mon « nez partout » depuis l’enfance. Petite, je cueillais des fleurs et les faisais macérer dans des flacons pour essayer de conserver les odeurs que j’aimais. J’ai toujours aimé sentir tout ce qui m’entourait. Plus tard, je me suis formée à l’olfactothérapie. Je sentais déjà les liens étroits entre les odeurs, la mémoire et les émotions. La formation et l’olfaction sont donc devenues mes champs d’action.
Lors d’un entretien avec Roland Salesse, j’ai découvert l’association « Nez en Herbe ». Nous nous sommes rencontrés et sommes devenus amis. Depuis, j’anime des ateliers et j’adhère pour apporter ma pierre à l’édifice. Secrétaire de l’association depuis 2022, je pense que « Nez en Herbe » est le lieu idéal pour partager et développer ces deux passions. C’était aussi pour moi le meilleur endroit pour transmettre aux enfants le goût des senteurs.
L’association regroupe des personnes d’horizons très divers : chercheurs, parfumeurs, olfactothérapeutes, médecins, passionnés de l’odorat ?
Leur passion commune est évidemment liée à leur intérêt pour les odeurs. Ils souhaitent tous partager leurs connaissances avec un jeune public. Les membres de « Nez en Herbe » ont souvent ressenti un manque d’éducation dans ce sens. Ils ont donc voulu développer des activités pour les enfants. Certains en ont fait leur métier, d’autres contribuent à cette dynamique.
En réunissant les compétences de chacun, l’association se développe et ouvre de nouvelles perspectives.
Pourquoi l’éveil et l’éducation olfactifs sont-ils importants pour les tout-petits ?
Bien qu’il soit au centre de l’image, le nez, ou plutôt le sens olfactif, n’est pas exploité à l’école. La vue et l’ouïe sont utilisées à la place.
À travers les quatre exemples suivants, nous pensons qu’une éducation olfactive précoce peut être bénéfique à la fois pour les individus et pour la société.
Intégrer la conscience olfactive pour favoriser le développement cognitif et l’apprentissage.
Sensibiliser les futurs consommateurs aux messages olfactifs et gustatifs pour favoriser la diversité et la qualité des aliments pour la santé, le bien-être et le plaisir.
Parce que la recherche progresse sur le diagnostic olfactif des maladies et l’effet des odeurs sur l’état psychophysiologique. Nous devons préparer le terrain pour la médecine et le bien-être de demain.
Parce que chaque culture a besoin d’un réveil : ouvrir la voie à de nouveaux plaisirs esthétiques.
L’association Nez en herbe a maintenant plus de 6 ans. Comment définiriez-vous son évolution et quels sont ses principaux objectifs ?
La raison d’être de l’association « Nez en Herbe » est de créer un programme de développement de l’olfaction dans les écoles. Depuis sa création, « Nez en Herbe » s’investit dans des ateliers ludiques et pédagogiques.
De nouveaux membres rejoignent l’association et participent au déploiement des activités.
L’objectif principal est d’utiliser l’olfaction pour favoriser le développement cognitif et l’apprentissage.
En effet, travailler notre odorat pour le rendre plus performant pourrait être particulièrement important dès le plus jeune âge.
Quelles recommandations et quels types d’activités proposez-vous pour la stimulation olfactive chez les tout-petits ?
Initier les enfants à l’odorat en se concentrant, en identifiant les odeurs et en s’amusant à jouer avec leur nez.
Depuis plusieurs années, nos créateurs olfactifs relèvent chaque mois un véritable défi : créer des préparations parfumées pour les crèches du réseau Cap Enfants, en illustrant olfactivement différents pays du monde.
Dans les écoles maternelles, nous animons des ateliers ludiques et pédagogiques qui permettent aux enfants de prendre conscience des pouvoirs de leur nez, d’utiliser leur odorat pour s’ouvrir à leur environnement et à leurs propres émotions et sensations.
Exemple d’activité avec les tout-petits : on présente un fruit, par exemple une fraise, qui dans un second temps sera sentie. Ensuite, le fruit est caché dans une boule à thé, présentée avec d’autres boules contenant un autre fruit ou une herbe aromatique. On demande alors à l’enfant d’identifier la boule contenant le fruit de référence. Après cet apprentissage olfactif, on peut demander à l’enfant de les reconnaître à l’odeur et de les nommer.
Une stimulation olfactive réussie revient finalement à apprendre à l’enfant à percevoir les odeurs. La mémoire et les émotions sont ainsi stimulées et affinées.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler en partenariat avec 5 senses for kids Foundation ?
La dimension olfactive entre en résonance avec les autres sens. Depuis sa création, « Nez en Herbe » travaille en étroite collaboration avec le groupe de crèches Cap Enfants. L’approche pédagogique de Cap Enfants est basée sur le jeu exploratoire autour de la découverte des 5 sens. C’est donc tout naturellement que nous nous sommes associés à 5 senses for kids Foundation, créée par la même fondatrice.
Explorer l’odorat, c’est aussi prendre conscience que sans lui, il manque une dimension.
Les Japonais appellent cela « écouter une odeur », c’est-à-dire être attentif à ce que l’on approche de son nez. D’ailleurs, nous fermons souvent instinctivement les yeux lorsque nous respirons une odeur agréable, pour profiter pleinement du plaisir. Le toucher est également présent dans nos ateliers, puisque nous explorons les textures des produits que nous sentons.
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